Le camouflage « intelligent »

Je pense que tous les parents sont passés par là un jour ou l’autre : tenter de cacher un aliment nouveau dans un aliment accepté, l’air de rien, en se disant que si ça ne se voit pas visuellement, l’enfant sera dupe et n’y verra que du feu.

Manque de bol, néophobe rime souvent avec hypersensibilité, et qui dit hypersensibilité, dit impossible à duper. La moindre petite variation, que ce soit de goût ou de texture (ou pire, les deux), sera tout de suite remarquée. Du coup non seulement ça va être un échec pour l’acceptation du nouvel aliment, mais en plus l’enfant risque de perdre confiance en vous, la maman qui lui prépare les plats qu’il accepte, et il y a également un risque de rejet de l’aliment précédemment accepté mais qui a servi de cachette au nouvel aliment. Bref, pas grand chose de positif à retirer de cette tentative… Je vous parle ici du pire des scénarios, mais avouez que ça n’a jamais été une grande réussite ?…

En revanche, pour des grands enfants, ou ados ou adultes qui montreraient d’eux-mêmes le souhait de goûter de nouveaux aliments, mais sans trop savoir comment s’y prendre, le camouflage peut-être une bonne façon d’y aller progressivement.

Je vous avais déjà parlé du food chaining, qui permet de goûter plus facilement des aliments à base d’un aliment qu’on mange déjà, par exemple pour la pizza, je mangeais déjà du pain (et même les « trottoirs » ou « croûtes » des parts de pizza, tant qu’il n’y avait ni fromage ni sauce tomate dessus…), et je mangeais également du fromage fondu : j’ai donc goûté la pizza et… j’ai adoré ! C’est l’un des nouveaux plats qu’il m’a été le plus facile à ajouter à mon alimentation quotidienne, et si je vous en parle, c’est parce que c’est aussi la pizza qui est mon meilleur allié pour le camouflage !

Oui, oui, vous avez bien lu, le camouflage. Mais un camouflage intelligent et surtout conscient : c’est moi qui prépare ma pizza (en rajoutant des ingrédients en très petite quantité sur une pizza margharita, ou quand j’ai le courage en préparant moi même un pizza faite maison), je sais ce que j’y rajoute, où et en quelle quantité, je me garde toujours une majorité de la pizza qui soit « safe » et que je sais que je peux manger sans danger.

Ca me permet d’appréhender un nouveau goût plus facilement, car la texture, bien cachée entre celle du pain et celle du fromage, est difficile à discerner. Je peux alors déjà m’habituer au goût, je sais par exemple que je préfère une bouchée de pizza avec champignon que celle sans champignon, donc c’est que le goût me plaît.

L’autre allié de mes camouflages, c’est la pomme de terre. Car déjà c’est probablement mon aliment préféré, mais aussi car c’est un accompagnement avec lequel je peux essayer pas mal de choses. C’est avec des patates que j’ai commencé à manger du poulet, et si au début c’était seulement un micro bout de la taille d’un demi ongle de petit doigt, j’arrive désormais en un repas à manger une cuisse complète.

C’est aussi avec la pomme de terre que j’ai commencé la carotte. Purée pomme de terre carotte, puis galette pomme de terre carottes (pommes paillasson ou pomme darphin), et maintenant petites rondelles de carottes bouillies. Et petit à petit, j’inverse les proportions. Là où au début je faisais 1/16 de carotte et le reste de pomme de terre, je suis désormais systématiquement à 50/50, et j’arrive même à faire quelques bouchées carottes/poulet sans pomme de terre du tout. Idem avec les champignons que je mange désormais systématiquement quand je me cuisine du poulet.

Côté sucré, on retrouve le même principe avec les desserts. C’est grâce aux tartes et aux entremets (fraisiers, framboisiers), que j’ai commencé à goûter pas mal de fruits. Quand c’est entremêlé de crème pâtissière et de sablé, c’est bien plus facile pour moi de manger une framboise entière (que j’ai encore beaucoup de mal à accepter quand je mange des framboises seules), ou un demi abricot.

Bref, vous avez compris le principe, même si tout le monde n’est pas forcément pour cette technique (il faut réussir au bout d’un moment à manger et accepter l’aliment seul), ça a été pour moi une vraie porte ouverte vers la nouveauté et m’a grandement aidée à diversifier mon alimentation de façon vraiment pérenne.

Et vous, quels sont vos trucs et astuces pour réussir à accepter de nouveaux aliments ?
N’hésitez pas à partager en commentaire, et à me raconter aussi si cette technique marche pour vous !

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1 réflexion sur “Le camouflage « intelligent »”

  1. Ah le camouflage, en effet, pour les parents rapidement un camouflet 🙂
    J’avais pensé à la purée pour introduire toutes sortes de légumes, notamment des courgettes parce que quand on en met peu la couleur et la texture ne change pas beaucoup, mais ma fille ne mange plus du tout de purée depuis qu’un animateur lui a fait vomir celle de la cantine (c’était il y a 6 ans). Par contre faut vraiment que je tente l’approche pizza parce que le pain et assimilé ça peut aller et le fromage fondu (s’il a pas trop de goût) ça va aussi. le problème c’est la couleur rouge. Pour l’instant assez rédhibitoire, même si on a réussi à lui faire poser le petit doigt dans du ketchup et à poser un bout de fraise au sucre (ou plutôt l’inverse) sur la langue. Merci pour toutes ces expériences en tout cas, ça me fait garder espoir !

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