L’échelle de la progression

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La pyramide de Maslow définit par une représentation pyramidale les besoins fondamentaux de l’être humain, en partant du principe que l’homme ne cherche à satisfaire un besoin que lorsque celui du niveau inférieur est assuré.

Voici, par ordre d’importance, les stades de la pyramide de Maslow : Besoins physiologiques, de sécurité, sociaux, d’estime et enfin d’accomplissement personnel.

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L’institut Ellyn Satter, spécialisé dans la nutrition, a tenté d’adapter la pyramide de Maslow à la nourriture. Ainsi, le premier niveau du besoin fondamental de nourriture consiste à trouver assez de nourriture.
Ne pas avoir peur de souffrir de la faim permet d’accéder au second niveau : trouver des aliments acceptables. La définition d’acceptable est très subjective et dépend de normes sociales, et de qualités nutritionnelles.
Le niveau supérieur consiste à ne pas se préoccuper de la disponibilité de ces aliments acceptables. Être capable de prévoir les repas suivants, et de faire des réserves.
Le niveau suivant consiste à se préoccuper des préférences gustatives de ces aliments. Se tourner vers ceux que l’on préfère, et les consommer plus régulièrement. C’est le stade où se trouve la plupart des gens des pays développés : ils n’ont pas à se préoccuper de la menace d’avoir faim, ils savent la nourriture en abondance et leurs choix alimentaires sont dictés par leurs goûts et leurs préférences.
L’étape supérieure consiste à goûter à de nouveaux aliments. Une personne ayant peur de manquer (niveaux 1-2 instables) n’osera pas goûter par peur de gâcher. Une personne avec une base de pyramide solide n’aura pas peur de ce gâchis et osera prendre ce risque afin de découvrir de nouveau aliments.
Enfin, le dernier niveau, tout comme la pyramide de Maslow, représente l’accomplissement, mais à travers la nourriture.

Dans le cas du processus de guérison de la néophobie, la pyramide d’Ellyn Satter ne saurait s’appliquer. Comment réussir à avoir une base stable quand pour réussir à avoir un nombre suffisant d’aliments acceptables, il faut braver le niveau 5, tout en haut de la pyramide ? Comment réussir à construire des bases saines si l’on s’élance tout en haut sans avoir de socle sur lequel se reposer ?

Après une discussion très intéressante et constructive avec Skye, l’auteur de Mealtime Hostage, nous avons élaboré un schéma de pyramide inversée qui pourrait s’appliquer à un processus de guérison de la néophobie.

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Nous sommes parties du constat que le régime alimentaire des néophobes est tellement restrictif qu’il ne pourrait en aucun cas représenter le socle de la pyramide. De plus, le processus de guérison de la néophobie consiste à goûter de nouveaux aliments pour pouvoir passer du stade de la néophobie à une alimentation plus « normale ». Le modèle de pyramide inversée semblait alors tout indiqué.

Après plusieurs échanges avec Skye, nous sommes parvenues à trouver le modèle qui pourrait correspondre :

1/ Accepter comme normal les caractéristiques du régime restrictif caractéristique des néophobes (régime d’un jeune enfant, plats fades, féculents…) Se focaliser sur le fait qu’il mange en quantité suffisante pour avoir l’énergie nécessaire, une bonne croissance et un poids correct, etc.

2/ Être capable de se blinder face aux remarques et à la pression des autres – rien que l’idée de manger avec d’autres personnes crée de l’anxiété, car nous savons que nous allons recevoir des remarques à propos de notre alimentation. Garder en mémoire que notre alimentation est normale (niveau 1) et que ce sont les remarques qui sont déplacées.

3/ Prendre du plaisir à manger les aliments « sûrs » et manger les aliments préférés à intervalles réguliers (planifier des menus) afin de ne pas s’en lasser. Découvrir de nouvelles manières de manger les aliments « sûrs » (food chaining)

4/ Être capable de trouver appétissants les aliments consommés par notre entourage, même si on ne les a jamais essayés (être attiré par des odeurs de nourriture, considérer des aliments comme plus « sûrs » que d’autres aliments inconnus)

5/ Être capable de goûter de nouveaux aliments. Pour cela, on peut procéder à l’habituation par stades : toucher l’aliment, le lécher, le mettre à la bouche, puis enfin réussir à en goûter une toute petite bouchée.

6/ Être capable d’apprécier de nouveaux aliments (jamais essayés, non familiers), puis de les incorporer à l’alimentation de tous les jours. 

7/ Incorporer des aliments « sociaux » pour être capable de manger « normalement » en société, pouvoir aller au restaurant sans avoir à répondre aux questions des serveurs et compagnons de table, voyager plus facilement sans angoisse etc.

8/ Incorporer des aliments « sains » pour pouvoir avoir une alimentation plus équilibrée et un mode de vie plus sain.

Souvent, les parents de néophobes souhaitant voir leur enfant « aller mieux », ou l’entourage d’adultes néophobes souhaitent en priorité, pour des raisons de santé, réussir à arriver à une alimentation plus saine. Je pense réellement que ce n’est pas la priorité, et qu’il est important de ne pas brûler les étapes pour pouvoir avancer pas à pas vers une alimentation plus diversifiée. Et c’est seulement une fois cette diversification acquise et consolidée, alors la question du régime sain et équilibré pourra se poser.

A propos de l'auteur

1 réflexion sur “L’échelle de la progression”

  1. Je remplacerai bien l’intitulé du 2/ par « être capable d’identifier, reconnaitre accepter son imperfection. Se comprendre soi-même, comment on fonctionne. Dans le but de se mettre en bonne condition mentale pour se reconstruire en acceptant le changement ». Parce que quand « on se blinde » on campe sur ses positions, on laisse libre cours à la frustration et à la mauvaise foi qui alimentent et entretiennent la psychorigidité. Celle dernière provoque et/ou renforce les comportements de type restrictifs (refus de changement que ce soit par peur ou rebellion). Quand les autres se comportent mal, faut aller voir ailleur (il existe des gens avec qui il n’est pas nécessaire de se blinder).

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