Guérie : le mot magique ?

Samedi matin, j’avais rendez-vous chez mon médecin. Il m’a dit qu’il était déçu, car je n’avais pas goûté de nouvelles choses ce dernier mois. Je m’étais contentée de réitérer l’expérience réussie que j’avais faite le mois précédent. Mais rien de plus. Rien de nouveau. J’avançais à tout petits pas, comme je l’avais toujours fait auparavant. Mais selon lui, l’expérience réussie, c’est le signe que je suis guérie. Il a dit le mot magique. Guérie. J’ai réussi à manger un aliment nouveau sans me sentir anxieuse, et même à l’apprécier et à en reprendre aussitôt après, sans avoir besoin d’attendre que ma crise de panique soit passée pour pouvoir reprendre une nouvelle bouchée. J’ai réussi à prendre du plaisir à manger un nouvel aliment. Cet aliment, c’est le gnocchi. C’est un peu de la triche, le gnocchi, parce que c’est des pâtes et des pommes de terre, deux aliments principaux de mon alimentation. Mais quand même. Depuis trois mois, j’y pensais, à goûter les gnocchis, mais je n’avais jamais réussi à franchir le pas de le faire. Rien que le fait d’y penser me créait une crise d’angoisse. Et puis les médicaments ont fait leur effet, et j’ai réussi à transformer mes envies en actes. Guérie. Maintenant, c’est à moi de faire ma partie du boulot. L’angoisse a disparu, c’est à moi à présent de passer le pas et de goûter de nouveaux aliments. Quand j’ai dit que je goûterai le poisson pané ‘dans les prochaines semaines’, il m’a répondu que la semaine prochaine commence lundi, et que c’est tous les jours que je dois en manger un morceau, et un peu plus chaque jour.

Le soir même, j’ai fait mon premier pas de géant. Le mot magique avait fait son effet. Guérie. Maintenant, je peux. Repas avec un couple d’amis. L’air de rien, je pique ma fourchette dans le plat de mon chéri. Une micro-bouchée de guacamole. L’air de rien, je mets une cuillère de crème fraîche dans mes pâtes. Et même, j’en remets. Deux fois.

Et depuis, mon objectif est de faire un nouveau pas chaque jour. Vers ma guérison. Pas à pas. Mais j’ai chaussé les bottes de sept lieues, et j’avance plus vite depuis quatre jours que je ne l’ai fait toutes ces dernières années. Dimanche soir, j’avalais un petit morceau de poisson pané avec une bouchée de riz. L’anxiété était encore présente, le poisson fait partie des grandes inconnues pour moi. Mais j’ai réussi à en avaler un morceau quand même. Lundi, pizza 3 fromages. D’abord la croûte, parce que j’ai l’habitude de terminer celles que mon frère laisse au bord de l’assiette, à condition qu’il n’y ait plus de garniture dessus. Cette fois, j’ai volontairement attaqué la garniture, mais en laissant une majorité de pâte quand même. Puis mon frangin et mon copain m’ont assuré que la pâte, c’est le moins bon, et qu’il faut goûter le centre. Alors j’en prends une bouchée. Même une deuxième.

Enfin, ce soir, un peu de sauce pour agrémenter mes pommes de terre. Du ketchup, et de la sauce burger. Sucrée, agréable, j’en ai même repris une deuxième fois. Par contre le ketchup, bof bof, mais j’ai quand même réussi à manger la pomme de terre sur laquelle je l’avais mis…

Et demain, gros challenge, j’ai mis trois cuillères de crème fraîche dans le tupperware de pâtes que je me suis préparé pour demain midi. Faire ça devant mes proches, c’est déjà pas facile, alors on va voir ce que ça donne face à mes collègues. Ils ne savent rien de tout ça. Enfin, ils savent pour mon blocage, mais pas pour les dernières évolutions.

Et maintenant que j’ai rapidement rattrapé mon retard, le programme : une note quotidienne, pour coucher sur écran au jour le jour mes expériences, mes réussites et mes angoisses.

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