Avant, j’étais difficile…

Avant, j’étais difficile, compliquée.

Une chieuse, une vraie.

Chieuse au point de toujours refuser d’aller manger chinois, japonais, indien, mexicain… parce qu’il n’y aura rien que j’aime. Chieuse au point de systématiquement réclamer un plat de pâtes quand on va manger chez quelqu’un, parce qu’il n’y a jamais rien de ce que je peux manger au menu. Le genre de chieuse que les serveurs regardent toujours de travers en demandant si je suis bien sûre de ne vouloir que ça, quand je commande mon assiette de frites.

Et puis un jour, j’ai pu y mettre un nom. Me coller une étiquette, me ranger dans une case, avec plusieurs centaines d’autres personnes à travers le monde. Des centaines. Ce n’est rien, mais pour moi c’est énorme.

Aujourd’hui, je souffre de néophobie alimentaire.
Et je me soigne.

rentrer-dans-des-cases
Source photo enfant : Pédiatrie pratique

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7 réflexions sur “Avant, j’étais difficile…”

  1. Bonjour

    Vous pouvez pas vous imaginer comment je suis heureuse de tomber sur votre blog. Mon fils vient d’avoir 10 et il est néophobe alimentaire depuis 8 ans. Nous avons vu des tas de médecins mais aucun n’a jamais dit les mots »néophobie alimentaire  » c’est a force de chercher sur des sites que j’ai pu découvrir cette phobie. Je vais lire votre blog et je voulais savoir si vous pourriez répondre a quelques questions?
    -est ce que je dois lui donner des compléments alimentaires?
    -qu’est ce que ça vous fais d’avoir un aliment différent dans l’assiette?
    -est ce qu’il y a des chances que ça s’améliore?

    La liste de ce qu’il mange n’est pas très longue, à partir du mois de Février il va retourner très régulièrement à la cantine et je sais déjà qu’il passera des journées le ventre vide , c’est horrible à vivre et pas grand monde ne comprends.

    Désolée, si je suis un peu longue et brouillon.
    Christelle

    1. Bonjour Christelle,

      Pas de souci quant à la longueur de votre commentaire, ce blog a été créé dans le but de pouvoir échanger avec d’autres personnes dans la même situation que moi, et plus particulièrement avec les mamans d’enfants néophobes, car j’aimerais pouvoir apporter l’aide que nous n’avons pas su trouver mes parents et moi à l’époque. N’hésitez pas à me poser toutes les questions que vous avez (et je me doute qu’elles sont nombreuses) et j’essayerai d’y répondre au mieux. Il y a effectivement très peu de

      Pour les compléments alimentaires, je ne peux pas y répondre, mais vous pouvez demander à un médecin de faire faire une prise de sang à votre fils pour voir s’il a des carences. Ce n’est qu’à la suite de ces analyses que vous pourrez décider ensemble avec le médecin s’il est nécessaire ou non de lui donner des compléments alimentaires. Pour ma part, j’ai été suivi de cette manière toute mon enfance (et je le suis encore, je fais des analyses régulièrement) et on n’a jamais dénoté de carence notables. J’avais parfois de faibles carences en fer (qui provoque une fatigue importante) donc je prenais ponctuellement des compléments. Mais il faut savoir que j’avais des amies qui mangeaient « de tout » et qui avaient plus de carences que moi. Cela dépend de la morphologie, du métabolisme de chacun.

      Pour ce que cela me fait, c’est bien simple, cela me paralyse. C’est une grosse montée d’angoisse que je ne contrôle pas du tout. En tant que montée d’angoisse, on peut le considérer comme TOC (trouble obsessionnel compulsif) et soigné comme tel. Vous en saurez plus en lisant davantage mon blog, il y a beaucoup à dire sur le sujet et je ne voudrais pas tout résumer trop simplement. Je pourrais bien sûr répondre à d’autres questions s’il vous en venait en lisant ces articles.

      Pour ce qui est de la cantine, essayez d’en parler aux personnes qui seront sur place et s’occuperont de lui, de leur expliquer que le forcer ne sert à rien, que c’est une maladie, et avec un peu de chance vous trouverez une personne compréhensive qui acceptera de lui garder un yaourt ou un fruit (ou ce qu’il peut manger…) de côté chaque jour. C’est pas gagné mais qui ne tente rien n’a rien, j’ai eu droit à deux yaourts natures chaque midi pendant toute ma primaire, puis deux mini paquets de chips tout le lycée. Maigre traitement de faveur mais bon on fait comme on peut avec ce qu’on a…

      J’espère pouvoir vous aider un peu…
      Marie

  2. Pfiouuuuuuuuuiii quel bonheur, certainement un soulagement que de trouver ce blog ! Trois heures que je lis tous les articles avec plaisir … Trois heures et la je me dis ENFIN ! Je me reconnais à travers vous !!
    Après 26 ans d’incomprehension, je mets peut etre des mots sur ce mal qui me ronge ! J’aurais tellement a vous dire que je ne sais pas par quoi commencer! Peut etre par le commencement 🙂 un grand MERCI pour ce blog, pour le partage de cette expérience qui je suis sure va en aider plus d’un … Juste par le fait de ne pas se sentir seul et incompris !
    Comme vous je croyais être difficile, mon alimentation est peu varié … J’ai connu le memes reflexions, les repas a la cantine a base de pain, les voyages scolaires avec les biscuits dans le sac .. Aujourd’hui je me dis que ce que je vis n’est pas une vie comme vous je pense a l’avenir, les enfants et peut etre les problemes de santé liés a ce type d’alimentation. Ayant aussi envie de changer (bien que je me complais dans cette alimentation) aussi bien pour moi que pour mon ami et ma famille, j’ai commencé par aller voir une psy. En vous lisant je me demande si c’est la bonne décision, c ‘est pourquoi j’aimerais discuter peut etre en privé de comment vous arrivez a gouter de nouveau aliment … Ce qui me parait impossible pour moi aujourd’hui … Est ce possible d’echanger par mail ?
    Je repense a votre article sur le repas du mariage (desolé je m’éparpille mais je suis si heureuse d’être tombée sur ce blog!), j’en ris encore! Avec mes amis je ris en disant que je ferais des cascades de frites ce jour la … Sachant pertinnement que c’est utopique et que je voudrais egalement partagé un « vrai » repas en ce jour exceptionnel! Bref tout ca pour dire que l’on se pose les memes questions et que ca fait du bien !
    Mille merci .. J’espere sincerement une réponse de votre part !

  3. Enfin, je mets des mots/maux sur mon quotidien. J’ai 49 ans et je n’ai pas encore réussi à résoudre le bug.

    Je ne vous explique pas mon enfance, les psys en tout genre n’existaient pas dans ma campagne. Mes parents et grands-parents se tuaient à la tâche pour nous nourrir, jardin, plantage, tout tournait autour des récoltes. Pour eux ce fut épouvantable.

    Je ne mange ni fruits ni légumes. (sauf carottes et épinards) La seule chose qui me sauve est que les légumes que je ne mange pas en morceaux, j’arrive à les manger en soupe bien bien lisse… ! J’ai même constaté que maintenant que mes enfants sont hors du nid et que je dois m’occuper plus que de moi et bien je n’arrive même pas à faire des courses pour me nourrir et fais aucun effort culinaire. Souvent mes assiettes sont blanches : pain, fromage, pâte, riz.

    Comme les autres témoignages, repas familiaux/boulot = calvaire, voyage exotique = impossible. A cause de cette phobie, au lieu de partir au Maroc pour un trek, (comment manger en plein désert tous dans même plat !!!) on a fini en Bretagne (les crêpes, une valeur sûre).

    Hier, mon compagnon, qui est homme calme et résistant à craquer et s’est fâché : mais tu dis que tu ne veux pas manger ça, mais dis-moi ce que tu veux manger ! Je suis incapable de lui dire ce que je veux manger. Ca été terrible pour moi et j’ai contrôlé toutes les autres peurs, les pensées fortes du style « puisque c’est comme ça je ne mangerai plus jamais ! » .

    Pour le « je me soigne » pas encore trouvé des professionnels au courant et capables. Même au CHU de ma région, je suis partie avec une liste de psychiatres et c’est tout.

    Merci pour tout.

  4. Roulley Cassandra

    Un mot : merci !!

    Wouah ! J’ai 22 ans, et d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours étais extrêmement difficile ! Où du moins, c’est comme ça que je me suis toujours vu jusqu’à maintenant. à ne rien aimer, être stressée à l’idée de devoir aller au restaurant, être stressée à l’idée de partir en voyage scolaire ne sachant ce que j’allais manger. Et comme, j’ai retrouvé dans plusieurs témoignages, avoir des petits gâteaux dans le sac, ne manger parfois que du pain et du beurre lors de repas, etc.
    J’en ai les larmes aux bords des yeux de découvrir que je ne suis pas seule, que ce n’est pas de ma faute, un caprice, de la mauvaise volonté que de refuser de manger une fraise, une pizza, de refuser de manger des pâtes car il y a de la sauce tomate dedans etc. Mais que c’est bel et bien une phobie, qui est reconnue et qu’on peut soigner ! ça fait un bien fou de savoir qu’on n’est pas seul ! Encore merci !!

    J’ai une petit fille de 2 ans et demi qui mange quasiment de tout ! Bien qu’elle commence à refuser de manger certains aliments. Hier, elle m’a fait remarqué que je n’avais pas de carottes dans mon assiette, alors que je lui en avais servi dans la sienne. Je n’ai rien su lui répondre d’autre que « non effectivement, je n’en ai pas ». Elle a mangé ses carottes sans rien dire de plus mais je suis restée bête. Première fois que le soucis de mon alimentation se pose lors de nos repas…

    J’aimerais pouvoir me débarrasser de cette phobie avant que ma fille prenne exemple sur moi. Et j’aimerais aussi surtout, ne plus avoir la boule au ventre quand on m’invite à manger quelque part !

    Merci de m’avoir lu, j’adore votre blog !!

    1. Bonjour Cassandra et merci pour ton message, je suis ravie que mon blog ait pu t’aider ! Pour ta fille, si elle te pose des questions, tu lui dis que maman est malade, que maman aimerait bien pouvoir manger comme elle mais qu’elle ne peut pas, et qu’elle a bien de la chance de ne pas avoir la maladie de maman.. Du moins, moi c’est comme ça que je l’expliquerai si un jour j’ai des enfants…

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