Alors ce midi tu manges comme nous hein, salade de tomates, saucisses au barbecue et semoule. – Euh non, j’avais prévenu, les saucisses, je n’en mange pas, pas encore. – Bah je croyais que tu avais progressé, y’a encore du boulot. – Oui, enfin j’ai quand même fait pas mal de progrès déjà, mais j’avance petit à petit… – Alors il va falloir passer à la vitesse supérieure.
Et voilà comment, dès mon arrivée, réduire tous mes efforts à néant en quelques mots seulement. Jamais assez bien, jamais comme il faut.
Je vous avais déjà parlé d’une certaine incompréhension à laquelle je devais souvent faire face. Elle en est le parfait exemple.
Elle me connaît depuis toute petite, et pour cause, c’est ma tante. Je dirai même que c’est la personne, parmi toute ma famille, de qui je suis la plus proche, en dehors de mes parents et mon frère. C’est avec elle que je suis partie la première fois sans mes parents, à l’âge de six ans, c’est même d’ailleurs la seule de mes tantes avec qui j’ai passé des vacances, et à de nombreuses reprises jusqu’à encore l’an dernier. C’est elle qui me connaît le mieux. Et pourtant. Je crois qu’elle n’a jamais vraiment compris le fond de problème.
Petite, quand ils m’ont emmenée en vacances pour la première fois et que je n’ai quasiment rien avalé du séjour, ils m’ont affublée d’un surnom qui ne m’a pas quittée de toute mon enfance : petit monstre. Bien qu’il soit affectif et qu’il ne m’ait jamais vraiment blessée étant plus jeune, je trouve avec le recul qu’il est quand même révélateur d’un certain nombre de choses. Un petit monstre. Une emmerdeuse de premier ordre. La même rengaine à tous les repas. Tu ne veux pas goûter ? Allez, fais un effort. Oh tu exagères, tu pourrais quand même faire un effort…
Plus tard, je suis devenue le mauvais exemple à ne pas suivre, quand les cousins ont eu des enfants. Je le suis toujours d’ailleurs, et à Noël dernier c’est une remarque de mon cousin qui, ayant fait tiquer ma mère, a provoqué par la suite la discussion avec le médecin et ami de la famille qui a proposé le traitement que je suis aujourd’hui.
Tout ça pour dire que ça me met toujours mal à l’aise, ces repas avec ces personnes qui pourtant devraient me comprendre mieux que beaucoup d’autres, puisqu’elles m’ont vue grandir.
En reparlant de ce repas par la suite avec mon copain, il m’a dit que pour vraiment me comprendre, il faut selon lui avoir vécu avec moi. Je ne pense pas que ce soit vraiment le cas. Je crois qu’il faut simplement prendre le temps d’essayer de comprendre ce qui se passe vraiment, au delà de l’image de petite fille capricieuse qui ne veut pas faire d’efforts. Et ça malheureusement, c’est le cas d’assez peu de personnes finalement j’ai l’impression…
Elle fait partie de ces personnes pour qui tout est simplement question de volonté. Limite, les maladies psychologiques n’existent pas. Même les dégradations physiques peuvent être dues à un laisser-aller, je l’ai vu face à Nanine. Alors, il faut passer outre. Tes efforts sont réels, tes progrès existent.