Je n’y avais jamais pensé. J’ai souvent pensé à ce jour, j’ai imaginé des tonnes de trucs, tout un tas de petits détails, la robe, le cadre, les confettis à la sortie de l’église, la voiture, tout. Ou presque. Jamais, pas une seule fois, je n’ai pensé au repas. À quoi ça ressemble, le repas de mariage d’une néophobe ? C’est censé être le plus beau jour de ma vie, mais est-ce que ça pourra vraiment l’être si je ne peux pas manger le même repas que tout le monde, ou si je dois prévoir le repas de tout le monde en fonction de mes goûts à moi ?
J’ai toujours pensé que si je voulais avoir des enfants un jour, il faudrait que je sois guérie d’abord.
Je viens de réaliser que si je veux me marier un jour, il faudra aussi que je sois guérie avant.
Image : Un beau jour – Caroline & Florent – Photo Neda Rajabi
Qu’est-ce qui t’arrive ? Il n’y a pas longtemps tu disais être guérie et assumer socialement le fait d’être néophobe.
L’essentiel pour se marier c’est de trouver un partenaire, non ? Le reste c’est des détails de perfectionniste en option. Souvent faut éviter de trop réfléchir et juste faire ce qu’on a envie.
Mon médecin m’a dit que j’étais guérie. Je suis guérie dans le sens où je suis capable de goûter de nouveaux aliments. Mais ça ne suffit pas, loin de là, et la route est encore longue.
J’assume ma néophobie dans le sens où je suis tout à fait capable d’aller manger au restaurant avec des inconnus, ça m’arrive même assez souvent. Mais je veux que mon mariage soit parfait, et le repas en fait partie.
T’es bien un mec pour penser que la cérémonie du mariage, c’est du détail de perfectionniste. Mon mariage sera l’un des plus beaux jours de ma vie et je ferai tout pour cela, tant pis si cela te dépasse et que ça me rend perfectionniste et matérialiste à tes yeux.
Je ne pense pas que tu sois matérialiste, ce n’est pas ce que je voulais dire.
Disons pour résumer que je pense que les expressions « néophobe » ou « hyperséléctivité » sous-entendent des causes possibles différentes à notre problème d’alimentation.
Pour le néophobe, il s’agirait plus d’un phénomène d’anxiété que l’on ne sait pas gérer et qui débouche sur la peur, crée des angoisses, des toc et alimente des comportements compulsifs.
Pour l’hyperséléctif, il s’agirait plus d’un perfectionisme envahissant qui nous contraint à faire des choix radicaux, sans doute lui même fortement alimenté par une perception pointue des détails (hypersensibilité vue, goût, odorat, textures, etc).
Avec le diagnostic de TOC et la médiaction, tu réussis peut-être à contourner le phénomène d’anxiété. Mais tu ne fais rien pour gérer le perfectionnisme. C’est ce que je ressens dans tous tes articles.
A petite dose, le perfectionnisme n’est pas génant et peut même être une qualité au travail. Mais à forte dose, ça nous empoisonne la vie jusqu’à perdre complètement le sens des réalités. Des signes qui permettent de détecter cet emballement dans excès c’est les contradictions fréquentes et surtout inconscientes qu’on peut avoir dans notre discours au quotidien, les exigences démesurées, la volonté de tout contrôler, etc
La solution qui m’a été donné pour le perfectionnisme, c’est le « lâcher prise », c’est à dire :
– arrêter de se poser des questions et de soulever des problèmes qui nous empoisonnent la vie alors que les autres ne se les posent pas
– choisir d’accorder volontairement moins d’importance aux détails (surtout ceux qu’on est les seuls à percevoir)
– prendre conscience et accepter sans chercher à contourner le fait qu’on a une perception différente des autres, et en conséquence fait qu’on a des interprétations différentes de la moyenne des gens
L’explication par l’anxiété est plus confortable pour nous, car on est la victime, on a le beau rôle. Pour le perfectionnisme, on est la personne qui fait le difficile aux regards des autres, c’est moins valorisant, et c’est souvent un motif d’exclusion. Ca c’est les idées reçue courantes.
Dans la réalité, on est victime dans les 2 cas, car le perfectionniste n’a pas conscience de l’être et comprend rarement pourquoi il est rejeté et pourquoi tout va de travers alors qu’il a de bonnes capacités et qu’il fournit beaucoup d’efforts. C’est un truc que j’ai appris chez les surdoués anonymes ça.
A noter qu’aucun médicament ou technique + ou – fantaisiste (type hypnose par ex) ne pourra jamais contourner le phénomène de lâcher prise. Tout est dans la manière dont on choisit d’interpréter le monde qui nous entoure. Dans la pratique, si un jour tu fais une thérapie avec un psy ou autre, on regarde derrière soi, notre trentaire d’année de parcours de vie pour comprendre comment on a construit notre interprétation actuelle, quels sont les trucs qui nous ont conduit dans des impasses. Etudier les trucs qui nous échappent, ceux qu’on a mis de côté peut-être trop vite, trouver ce que l’on nous a caché, etc. Une fois que tu comprend comment s’est construite ta personnalité, c’est plus facile d’échapper au conditionnement nocif pour nous même que l’on s’imposait jusque là.
Ici, je donne juste les astuces que j’ai en stock, que tu choisisses d’en profiter ou que tu l’ignores en bloc m’est égal, ça ne changera pas ma vie.
Alexis, tu dis: « L’explication par l’anxiété est plus confortable pour nous, car on est la victime, on a le beau rôle. Pour le perfectionnisme, on est la personne qui fait le difficile aux regards des autres, c’est moins valorisant, et c’est souvent un motif d’exclusion. Ca c’est les idées reçue courantes. »
Je ne suis absolument pas d’accord avec ça, si c’était le cas pourquoi on aurait une montée d’angoisse lorsqu’on est confronté à un aliment inconnu?
Quand j’y suis confrontée, j’ai cette boule dans la gorge, les larmes aux yeux, la tête qui tourne, mal au ventre, la nausée…
Si on était juste perfectionniste tu crois vraiment qu’on réagirait comme ça? Moi non.
Je pense pas qu’on puisse appliquer le perfectionnisme à notre problème, d’ailleurs je ne me sens pas si perfectionniste que ça. Sur certains points peut-être, sur d’autres pas du tout. Par exemple quand je rate quelque chose j’aime recommencer jusqu’à ce que j’y arrive.
Tu ne penses pas que si je l’étais pour mon alimentation je ne me serais pas dépassée pour goûter aux aliments que je ne connais pas?
Sinon concernant ton article Leeloo, je me disais, tu ne pourrais pas simplement faire un plat à part pour toi? Quelque chose d’un peu « classe » (c’est pour un mariage quand même)mais que tu aimes. Après c’est vrai que le mieux serait de manger la même chose que les invités mais bon, je pense que ces derniers te connaissent un minimum et qu’ils comprendraient que tu aies un plat différent.
A toi de voir, après tout c’est ton mariage, je pense qu’on a bien le droit de faire ce qu’on veut ce jour là, il ne sera rien qu’à toi 🙂
Je pense que les 2, anxiété et perfectionnisme, sont présent en même temps. Ce qui rend compliqué la résolution du problème. En général les thérapies, quelques soit la maladie, sont très ciblées sur un aspect de personnalité. Par exemple, dans les thérapies comportementales alimentaires, on nous demande de commencer par les aliments qui nous font le moins peur. Peut-être qu’il faudrait plutôt viser dans les aliments qui nous font le moins peur, ceux qui en plus contrecarent notre besoin de contrôle (par exemple aliments irréguliers, comme frites découpées à la mains et non les surgelées du mac do, ou peut-être que ça ne devrait pas être à nous de choisir les aliments qu’on teste), ou contrecare le soucis du détail et l’hypersensibilité (viser aliments que les autres trouvent fadent). Plus généralement, je pense qu’en parallèle d’un traitement pour l’anxiété, il faut en plus suivre un traitement contre le perfectionnisme.
Tu ne te penses pas perfectionniste ? Ce n’est pas l’impression que tu m’a laissée (lol) et d’accord que ce n’est pas forcément sur tout.
ps : je pense également, que l’anxiété à pris de l’ampleur avec le temps, ou au moins à évoluer et changer de cause. D’une néophobie à l’origine, c’est à dire peur d’une chose que l’on ne connait pas pour ne l’avoir jamais expérimentée, on a évolué vers un une forme de trouble de stress post traumatique, c’est à dire le souvenir quand on essaie de manger de toute l’accumulation de mauvaises expériences alimentaires antérieures.
Alexis, je ne vois vraiment pas en quoi le perfectionnisme pourrait venir influer sur la néophobie. Je ne comprends pas du tout le lien que tu fais entre les deux. Pour moi, le perfectionnisme ce serait refaire encore et encore le plat jusqu’à ce qu’il soit parfait, qu’il n’y ait pas une nouille qui dépasse de l’assiette et qu’il n’y ait pas une trace de beurre ou une goutte d’eau sur le rebord de l’assiette. Ce serait que que les frites soient toutes exactement de la même couleur, et que si ce n’était pas le cas, il faudrait tout jeter et recommencer. Or cela ne m’est jamais arrivé.
Je ne me considère pas comme une perfectionniste dans d’autres domaines non plus. Et ce, pour une raison très simple : je ne suis pas du tout observatrice, je ne fais jamais attention aux détails, je n’ai absolument aucune mémoire visuelle et ai beaucoup de mal à me souvenirs de points de détails, je ne garde toujours qu’une vue d’ensemble en tête. C’est en ce sens que je ne me vois pas du tout perfectionniste.
Je ne suis non plus du genre à m’acharner pour recommencer encore et encore quelque chose jusqu’à le réussir parfaitement. Si c’est raté, c’est que ça ne fonctionne pas, je passe à autre chose et puis voilà. Je crois que je suis du genre à me décourager rapidement plutôt que de tenter d’atteindre à tout prix la perfection…
« une vue d’ensemble en tête » c’est justement de la mémoire visuelle, et c’est plutôt rare des de trouver des personnes qui utilise cette méthode de mémorisation (en général on les trouve dans les professions créatives, dessins, artistes, etc). Tu n’en as peut-être pas conscience, mais le niveau de détail que tu perçois et mémorise est probablement plus élevé que la moyenne des gens. Fais une expérience pour tester, par exemple une sortie cinéma, puis discute avec les gens à la sortie ou quelques jours après pour comparer ce qu’ils en ont perçu et retenu.
Un autre exemple, tu as changé plusieurs fois la déco de ton blog, pour moi c’est du perfectionnisme, la plupart des gens seraient restés sur celle de départ. Pour eux, pas de raison de modifier ou améliorer quelques chose qui fonctionne déjà.
Le fait d’abandonner est fréquent chez les perfectionnistes. Etant conscients et lucides sur le fait qu’ils ne parviendront pas à un résultat satisfaisant à leurs yeux, ou devant l’ampleur démeusurée du travail à accomplir, ils renoncent. Puis avec l’accumulation d’échecs, ils s’enfoncent dans la frustration, que ce soit sous sa forme dépressive ou colérique.
C’est peut-être sur ce dernier point qu’on diffère tous les 2, moi dans une forme de frustration dépressive (attitude passive, résignation, laisser aller) et toi plutôt en version colérique (quelques part entre attitude réactive, rebellion à tendance rancunière, prise des choses en mains, attitude sérieuse). C’est variable la manière d’exprimer la frustration, entre les expressions que je cite, il y a toute une palette de positions nuancées. Certaines personnes aussi sont à mi chemin entre passivité et réactivité et en font un mix.
ps : Pour savoir si tu as effectivement une réaction du type réactive, tu peux essayer d’identifier les émotions que tu ressens. Il existe des bouquins et sites internet intéressants pour aider à comprendre ces émotions que l’on ressent, et qu’on n’a pas forcément bien identifié. Les émotions sont une source d’information importantes pour identifier nos besoins et faire des choix. Elles fonctionnent de manière intuitive, ce qui fait qu’elles sont difficiles à identifier de manière logique, avec des mots. Elles agissent sur nous, nous imposent des choix sans qu’on comprennent le pourquoi. Un exemple c’est les angoisses. C’est comme si notre corps, ou cerveau, prennait à notre place la décision de refuser un nouvel aliment et nous en informait via les angoisses. Les émotions ont souvent accès à la multitude de détails que l’on perçoit mais que notre réflexion consciente laisse de côté car elle n’utilise qu’un best of. Consciemment, la petite voix dans notre tête ne sait pas pourquoi on est incapable de manger comme tout le monde. Nos corps en sait probablement plus que nous sur le sujet, il utilise les émotions pour nous informer sur nos besoins réels, sur ce qui nous fait réellement du bien. Elles nous sont propre et se préoccupent d’avantage de notre survie et de notre bien être que ne le fait la connaissance collective de la société (accumulation partielle de théories et modèles scientifiques, retours d’expériences, etc), comme l’est la médecine qui peut parfois se tromper (il existe de nombreux exemples de retournement de veste).
ps2 : la fois où je suis allé voir un nutritionniste il y a 2 ans, c’est le tout premier test psychologique qu’il m’a fait passer pour savoir si j’étais plutôt à tendance passive ou réactive (de mémoire, il me semble qu’il utilisait l’expression « vindicatif » plutôt que réactif/colérique) Pour eux, ça a une influence importante sur la théaripe qu’il vont proposer. On ne gère pas les personnes passives et rebelles de la même manière. je pensais jusque là que c’était un point qui nous différenciait des anorexiques, mais tu plantes mon raisonnement du coup. (les filles anorexiques que j’ai pu rencontrer étaient hyper rancunières, colériques et pas commodes du tout). Ce que je sous-entend, c’est que ça éloigne l’explication psychologique pour notre problème d’alimentation.
ps3 : le travail que j’ai fais avec le groupe thérapie des surdoué, c’est de changer de position. C’est à dire passer de la passivité vers le réactif en mobilisant un peu la colère. Parce que comme je l’ai dit plus haut, la passivité, c’est l’immobilisme. Quand on veut se sortir des problèmes, c’est plus performant d’être colérique.
C’est pour ça que depuis peu de temps à réalité ( 2-3 ans), je me permet de dire ce que je pense, et que je provoque un peu pour obtenir les infos qui me sont utiles.
Pour ce qui est de mon blog, deux raisons à cela. Car le premier thème était un thème tout fait, que j’avais mis en attendant d’avoir le temps d’en faire un moi-même, et aussi parce que c’est mon boulot le webdesign, que mon blog me sert à faire des tests et à apprendre de nouvelles choses qui par la suite me servent par la suite dans mon travail, c’est mon espace de tests pour pouvoir essayer de nouvelles choses. Cela n’a rien à voir avec l’insatisfaction ou je ne sais quoi, le premier thème me plaisait beaucoup.
Tu tires des conclusions trop vite, tout le temps, sur tout. Tout ce que tu crois voir est bien trop tiré par les cheveux. Ce n’est pas parce que tu es comme ceci, que tu fonctionnes de telle manière, ou parce que tu as rencontré deux anorexiques dans ta vie qui étaient comme ceci et qui réagissaient comme cela que tout le monde est comme toi.
Ce jour là, la reine de la fête c’est toi pas ton assiette, tous les regards ne seront pas tournés vers elle et je suis sûre, comme te le disais Berenice, que l’on trouvera une solution. Compte sur moi, le plus beau jour de ta vie, tu l’auras <3