Poussée au cul

C’est pas bien, tu aurais dû en manger trois. – Oui, mais j’ai plus faim. – Mais tu as mangé beaucoup de patates. – Bin oui, parce que c’était bon. – Donc tu aurais pu en manger trois. Il faut que tu fasses des efforts. – J’en ai déjà fait des efforts, j’en ai mangé deux. – Non, deux c’est bien, trois c’est faire des efforts.

Telle une gamine qui se fait gronder, je me suis retrouvée toute penaude et à court d’arguments. Oui, je sais. Je pourrais faire mieux. Mais je me force quand même. À continuer jour après jour. Alors que parfois je n’en ai pas envie. C’est si facile de rester dans ma routine confortable. De manger ce que j’aime et qui me fait plaisir, de passer un repas sans y penser. Mais il ne faut pas. Il faut continuer, jour après jour. Consolider les progrès déjà faits en augmentant chaque fois la quantité. Prendre du plaisir à manger certaines choses nouvelles. Envisager les prochaines étapes. Chercher ce qui pourrait me faire envie. Trouver des compromis pour réussir à passer le pas des choses qui me font peur. Continuer chaque jour un peu plus.

Il me dit qu’il me pousse car s’il ne le fait pas, je ne pourrais pas le faire toute seule. Et il a raison, je le sais.

Le soutien des proches est très important pour une personne atteinte de néophobie alimentaire. C’est une maladie qu’on ne connaît pas, dont on parle très peu, que les gens ne comprennent pas forcément. De ce que j’ai pu lire sur les quelques forums qui en parlent, beaucoup de néophobes vivent très mal cette situation, et j’ai aussi vu des témoignages de personnes proches d’un néophobe qui décrivent cette situation comme « impossible à vivre », très difficile à supporter. D’accord, ce n’est pas drôle de tous les jours d’avoir un compagnon qui ne mange que des pâtes et des pommes de terre, mais ça l’est encore moins pour la personne qui est atteinte de ce trouble… Alors il faut faire preuve de patience, et surtout, surtout, de compréhension…

Laisser un commentaire

2 réflexions sur “Poussée au cul”

  1. Bonjour !
    Je suis moi aussi néophobique, néanmoins je mange beaucoup plus d’aliments que vous apparement. J’ai 15 ans et malgré ma volonté de guérir je ne peux rien avaler. Une fois, j’ai mangé un minuscule bout de tomate en entrée. Toute ma famille s’est moqué de moi. C’était surhumain, et personne ne comprenait. J’étais au bord de la crise de nerf, je suis allé m’enfermer aux toilettes pour vomir et pleurer. C’était ma seule tentative. Depuis mes 4 ans, je n’ai rien mangé de vraiment nouveau. Je veux absolument pouvoir manger des fruits autres que des pommes, goûter aux poireaux, aux oignons, aussi aux assaisonements comme le poivre… tout le monde me regarde bizarement quand je leur dit qu’à 15 ans je n’ai encore jamais mangé d’hamburger, de lasagnes… Je suis incapable de guérir par moi-même, sans aide. Mes parents ne comprendraient pas le fait que je leur demande d’aller voir un spécialiste pour apprendre à goûter.
    Que puis-je faire pour guérir ? Seule ?

    Je suis contente d’avoir vu votre site pendant mes recherches, maintenant je sais que d’autres personnes mangent beaucoup moins d’aliments que moi…

    Lilly

    1. Bonjour Lilly,

      Je suis contente que mon expérience ait pu t’aider. Comment se passe la relation avec tes parents ? Comment expliques-tu ton rapport à la nourriture et comment se passent tes repas avec ta famille ?

      Je pense que tes parents aussi aimeraient que tu guérisse. Seulement pour ça, il faut bien leur expliquer que c’est une maladie, et que ce n’est pas simplement toi qui es difficile. Que ce n’est pas toi qui as envie de ne rien goûter, que c’est un blocage qui dépasse largement ta volonté de goûter de nouvelles choses. Il faut en parler, c’est le plus difficile et pourtant le plus essentiel.

      Pour ce que tu peux faire seule, j’avais commencé à écrire un article à propos de la thérapie cognitive et comportementale. Je vais essayer de le terminer rapidement, car je pense que cela pourrait t’intéresser. Ce sont des exercices qui pourront t’apprendre à mieux gérer l’angoisse.

      Sans forcément voir un spécialiste, tu peux déjà en parler à ton médecin traitant, il est tenu au secret médical et ne pourra en parler à tes parents sans ton consentement. Peut-être pourra-t-il te prescrire un médicament pour réduire ton angoisse. Parle lui de ton blocage, et de TOC aussi, car tous les médecins ne connaissent pas forcément la néophobie, mais savent comment soigner les TOC.

      N’aies pas honte de ta situation, car c’est bel et bien une maladie, et ça se soigne !

      Bon courage !

      Leeloo

Retour en haut