Différents points de vue

Quand tout a commencé, j’ai expliqué à mon copain que j’avais besoin qu’il me le dise, que j’avais besoin d’entendre qu’il était fier de moi, et que ce que je faisais était bien.

Depuis le début, tout le monde, mes amis, ma famille, mes proches, passe son temps à me dire à quel point ils sont fiers de moi. A quel point c’est génial ce que je fais, tous ces progrès qui s’enchaînent.

J’ai besoin d’entendre ça, c’est important pour moi. Mais depuis quelques temps, il a quelque chose qui me dérange dans tous ces compliments. Plus le temps passe, et plus j’ai l’impression qu’ils sont déplacés. Que je ne les mérite pas ou quelque chose comme ça.

Je n’ai pas l’impression que ce que je fais est bien, ni impressionnant ni rien. Je ne réalise pas bien tout ça en fait. La fierté de mon copain lorsque j’ai commandé un vrai plat de la carte au restaurant, et non une simple assiette de frites. La joie de mon frère lors de notre première soirée burger. Ou mes parents lors de notre première pizza en famille. Je ne comprends pas tous ces sentiments, et surtout je ne les ressens pas moi-même. Je ne suis pas franchement fière de moi ni rien, je ne réalise pas bien tout ça je crois.

Parfois, je pense que j’ai peut-être fait toute cette démarche pour des mauvaises raisons. Pour leur faire plaisir à eux et non parce que je le voulais moi-même. Parce que, au final, j’aime manger ce que je mange. Je n’ai pas franchement envie de manger ni viande ni légumes. Alors oui bien sûr, j’ai découvert de nouvelles choses que j’aime, qui sont au nombre de trois pour l’instant. Burger au poulet avec juste fromage et sauce, croque monsieur sans jambon ou avec juste un tout petit peu de jambon de Bayonne coupé très fin, et pizza margherita, juste fromage et tomate. C’est tout. Le reste, je me sens obligée de le manger. De rajouter du fromage ou de la crème fraîche dans mes pâtes, parce que c’est vrai, je ne peux pas dire que je n’aime pas ça. Mais n’empêche, je préfère les pâtes au beurre. Les nuggets ou le poisson pané, que je trouve bien dur à mâcher et qui n’ont pas beaucoup de goût… Tous ces petits pas que je fais en avant, mais qui me retiennent en arrière avec un assourdissant « c’était mieux avant ».

La seule chose qui me gênait vraiment, avec toute cette histoire de blocage alimentaire, c’était de me dire qu’un jour j’aurais des enfants, auquel il faudra que j’apprenne à aimer de tout. Et comment apprendre à goûter à un enfant quand on ne peut pas donner l’exemple soi-même ? C’est la seule raison qui me poussait vraiment à entreprendre toutes ces démarches, à résoudre ce problème que je traîne depuis toute petite et avec lequel je vivais, finalement, pas si mal que ça…

Aujourd’hui, mon objectif n’est pas de me mettre à manger de tout, ni même d’être capable de commander un plat à la carte dans un resto. Simplement de pouvoir un jour dire à mes enfants : il faut goûter pour pouvoir dire qu’on n’aime pas, et ne pas avoir l’impression de les trahir en disant ça, parce que je suis moi-même incapable de suivre mes propres préceptes. Et tant pis si je reste une fille difficile, qui ne mange ni viande ni légumes. Au moins, je pourrais dire simplement « j’aime pas ».

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1 réflexion sur “Différents points de vue”

  1. Tu as déjà parcouru une longue distance en peu de temps. C’est une course d’endurance que tu as démarré, pas un sprint, il faut trouver un rythme de croisière pour tenir la distance.
    Je sais qu’au fond de toi, les sentiments sont là aussi, je les ai souvent entendu dans ta voix quand tu me racontais. Il y a des jours avec et des jours sans, c’est comme ça.
    Mes pâtes préférées sont les coquillettes ou même encore mieux, les colerettes au beurre ! A la maison, on ne mange pratiquement jamais de poisson et les féculents servent plus souvent d’accompagnement que les légumes verts. C’est normal d’avoir des préférences.
    Par contre, pour la santé, il est important de trouver un bon équilibre, tu le sais bien, je te bassine assez les oreilles avec ça.
    Don’t worry, my pretty girl, you’ll be fine !

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