Syndrome de dysoralité sensorielle

L’hypersélectivité alimentaire, quand on est petit c’est un caprice, et quand on est grand c’est psy.

Cécile Chapuis, orthophoniste

Voilà ce que m’a dit mon orthophoniste aujourd’hui. Selon elle, ce n’est pas psy, c’est physiologique. Voilà une nouvelle piste toute neuve et très intéressante qui pourrait expliquer pas mal de choses…

Et si ce n’était pas psychologique, finalement ?

C’est une piste à laquelle j’avais pensé sans pourtant trouver les mots — ou les maux — à mettre dessus. Une très forte sensibilité aux odeurs, aux goûts, aux textures.

Je suis capable de détecter le moindre grain de poivre alors que ma famille ne le sent même pas. Les américains parlent de super tasters. Des techniques obscures où il faut compter le nombre de papilles sur la langue permettraient même de déterminer si on est un super taster ou non. Un bref coup d’œil à ma langue dans le miroir a suffi pour me dissuader de me lancer le comptage de mes papilles gustatives. Ne sachant pas du tout vers qui me tourner pour savoir si oui ou non j’avais une sensibilité gustative surdéveloppée, j’avais donc mis cette hypothèse de côté.

Puis il y a quelques semaines, une maman du groupe Facebook, Alexandra, nous a parlé du Syndrome de Dysoralité Sensorielle (SDS).

La dysoralité est une hypersensibilité sensorielle, surtout au niveau du goût et des odeurs. Les américains parlent de SPD, Sensory Processing Disorder (en français le trouble d’intégration sensorielle – TIS). J’avais déjà vu plusieurs mamans des forums anglophones le mentionner. Je n’avais jamais cherché plus que ça ce qu’était le SPD. Et c’est Marie, expat’ aux Etats-Unis, qui a fait le lien entre la dysoralité et le TIS. Même si quasi personne ne connaît ni n’a entendu parler de ça en France, ce diagnostic a l’air assez commun aux Etats-Unis.

 La dysoralité sensorielle (SDS) est une hyper réactivité génétique des organes du goût et de l’odorat touchant 25% des enfants à développement normal et entre 50 à 80% des enfants ou adultes avec un polyhandicap. Cette dysoralité d’origine sensorielle est très polymorphe et la réaction de l’enfant ou du jeune adulte peut aller d’un simple dégout pour un certain type d’aliment jusqu’à un état d’aversion alimentaire sévère pouvant faire croire à une anorexie. Jusqu’à présent il était admis que ces troubles du comportement alimentaire étaient d’origine psychologique et plus précisément reliés à une relation mère/enfant pathologique.

Catherine Senez – Le syndrome de dysoralité sensorielle

Le SDS concerne 20% de la population en France, m’a dit l’orthophoniste. Bien sûr il y a différents niveaux et chacun le gère à sa manière.

Une sensorialité normale est facteur d’appétit.
Une sensorialité exacerbée va avoir l’effet inverse.

Cécile Chapuis, orthophoniste

Les symptômes

Un réflexe hyper nauséeux (des hauts le cœur tout le temps et pour tout), un odorat surdéveloppé, des difficultés même pour le brossage des dents, une alimentation très sélective composée d’aliments qui ne se mâchent pas ou très peu.

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Les symptômes tels que manque d’appétit, refus des nouveautés, sélectivité alimentaires, nausées, vomissements et problèmes de comportements aux repas, débutent dès la 1ère année de vie, majoritairement à la période où les mères commencent à diversifier l’alimentation. Certains facteurs associés vont aggraver les troubles de l’alimentation tels que des facteurs organiques ou psychosociaux comme les allergies, les intolérances alimentaires, le Reflux Gastro Oesophagien (RGO), la constipation ou les problèmes relationnels. Ces facteurs vont influer sur l’appétit de l’enfant mais n’en sont pas la cause première pour Mme Senez.

Synthèse sur les troubles de l’oralité chez les enfants

Ce sont les orthophonistes qui traitent le SDS. Certaines proposent des massages buccaux de désensibilisation, d’autres proposent un processus d’habituation aux nouveaux aliments par le toucher.

À noter (2024) : le terme de Syndrôme de dysoralité sensorielle (SDS), invente par Catherine Senez, n’est plus usité aujourd’hui (2024), on lui préfère désormais les termes de Trouble de l’Oralité Alimentaire (TOA), ou pour les enfants Trouble Alimentaire Pédiatrique (TAP). 

 

 

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