J’aime / J’aime pas

Pendant très longtemps, il n’y a eu que deux catégories d’aliments à mes yeux: ceux que j’aime et ceux que je n’aime pas.

Je ne connaissais pas la notion de néophobie ni les troubles de l’oralité alimentaire, et ne savais pas expliquer autrement mes blocages alimentaires que par un simple « j’aime pas ». 

Il y avait pour moi seulement 2 catégories, les aliments que je pouvais manger (j’aime) et ceux que je ne pouvais pas manger (je n’aime pas). Mais du coup je n’avais pas vraiment de notion de goût (pas du tout même). Il y avait bien entendu certains aliments / plats que je préférais manger à d’autres, que je prenais du plaisir à manger (les gaufres, les frites maison…) par rapport à d’autres pour lesquels je faisais plus la grimage en les mangeant (la banane, la soupe de légumes verts). Mais si je pouvais manger, alors je considérais que j’aimais ça. 

Je ne compte même plus combien de fois on n’a rétorqué, en 25 ans, « mais tu ne peux pas dire que tu n’aimes pas ça, tu n’as jamais goûté ». Seulement voilà, je n’avais pas d’autres mots, pas d’autres manières d’expliquer que je mangeais pas tel ou tel aliment. Toutes ces notions de pouvoir manger, pouvoir goûter, de phobie, de dégoût, de troubles sensoriels, je n’en avais aucune idée. Le seul mot que j’avais pour exprimer tout ça, c’était ce simple « j’aime pas » qui n’est pas du tout représentatif de ce qui se passait en réalité en moi (sans que je n’en ai d’ailleurs aucune conscience)

Ce n’est que plus récemment (vers 25 ans je pense), après avoir bien découvert & intégré les concepts de néophobie et de dysoralité, que j’ai compris qu’il y a en fait 3 catégories d’aliments pour moi. 

Concernant ma dysoralité/phobie, il a les aliments que je PEUX manger VS ceux que je suis incapable de mettre en bouche. Il ne s’agit là aucunement de questions de goûts ou de préférence personnelle. Je ne PEUX PAS les manger, les approcher provoque angoisses, nausées, vomissements. Les textures me sont insupportables et c’est bien au-delà de ma volonté de savoir si oui ou non je souhaite manger ça. 

Ces aliments craints sont pour moi grande source d’angoisse non seulement à l’idée de les mettre en bouche – vous noterez que je ne parle même pas de les MANGER ici, mais bien d’approcher la sphère orale, qui est encore à des lieues du concept de croquer puis avaler… – mais plus largement, également à l’idée de les toucher, les manipuler, les sentir et même parfois simplement les voir. C’est tout la sphère sensorielle qui est ici touchée et la notion de goût ou de préférence gustative est très loin d’être atteinte ici, on parle de toutes les étapes avant d’en arriver au goût. 

Et ensuite, parmi les aliments acceptés, ceux que je suis capable de mettre en bouche, de mâcher, d’avaler, et même d’en faire un vrai repas complet régulièrement (qui encore une fois sont des étapes progressives, pour certains je suis capable d’en avaler quelques petites bouchées mais pas un plat entier), alors rentre enfin en jeu la question du goût. Je peux alors parmi cette petite variété distinguer ceux que j’aime (les gaufres) de ceux que je n’aime pas (la banane). 

Je peux faire l’effort de manger une banane de temps en temps parce que je sais que je ne mange pas beaucoup de fruits et que c’est bon pour ma santé, mais je ne prendrai pas de plaisir du tout à la manger, je n’aime pas ça. Mais je peux la manger. 

En revanche, il y a des plats que j’aime, dont le goût me plaît, où je me dis que je préfère manger du poulet/pommes de terre plutôt que des patates seules qui maintenant me paraissent fades, ou que je préfère manger de la blanquette avec poulet et carottes plutôt que du riz blanc, sec et fade. 

Au delà de réussir à augmenter le nombre d’aliments / plats que je peux manger, aujourd’hui je m’efforce aujourd’hui de réussir aussi à trouver de nouveaux plats / assortiments / préparations que j’aime, et croyez-moi après avoir passé une grande majorité de ma vie à n’avoir aucune idée de ces notions, il n’est pas toujours facile de distinguer mes propres goûts de l’engouement de réussir à manger un nouveau plat. 

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