Témoignage de Sophie-Charlotte, maman de Nicho, néophobe de 5 ans

Sophie-Charlotte, auteure, entrepreneure et blogueuse, m’a fait l’honneur d’écrire plusieurs articles pour le blog. Elle nous a présenté le PAI, projet d’accueil personnalisé, qui permet à un enfant néophobe d’apporter sa propre nourriture à la cantine le midi, et nous a partagé ce qu’elle a retenu de la lecture de deux livres anglophones à propos de la néophobie. Mais avant tout, je vous laisse à la rencontre de cette maman et de son petit Nicho.

Bonjour Sophie-Charlotte, et merci d’avoir accepté de contribuer au blog ! Une grande partie de mon lectorat sont des mamans inquiètes, et avoir le point de vue d’une autre maman est toujours très constructif.

Peux-tu nous parler un peu de toi, et surtout de ton fils ?

Je suis maman de 3 enfants : Vic bientôt 8 ans, Nicho 5,5 ans et James 2 ans. Nous sommes une famille franco-anglaise, nous vivons en France mais à la maison l’anglais domine. Mes 2 plus grands sont maintenant à l’école mais étaient en crèche avant cela et c’est dès la seconde année de Nicho en crèche que j’ai compris qu’il y avait un problème… Lors de la diversification, Nicho refusait systématiquement les morceaux, il ne voulait pas de compotes avec des petits bouts dedans et ce refus s’est généralisé sur toute son alimentation, il fallait que ce soit lisse dans les purées et les desserts. Une fois que j’ai compris que cela poserait problème le midi à la crèche vers ses 18 mois, c’était trop tard, la phobie était installée. La crèche estimait qu’il était en âge de manger comme les autres et donc ne lui servait rien d’autres que ce qu’il y avait au menu, jusqu’à ce qu’il s’étouffe devant eux un jour où ils l’avaient probablement forcé…. Quand j’y repense, j’en suis encore malade….

Tant qu’ils sont petits, on pense à du caprice, au bébé de maman sur-protégé parce que c’est le dernier blablabla on vous sort tout un tas d’âneries : ah c’est parce qu’il ne veut pas grandir ! il veut rester bébé…. Enfermez-le 2 semaines dans sa chambre au lieu de diner et il finira par descendre manger à table comme tout le monde. C’est sans doute en rapport le cancer de la bouche de son grand-père (mort 12 ans avant sa naissance). Le genre de psychologie à deux balles dont je me serais bien passée à l’époque.

J’ai eu la chance qu’il y ait un autre enfant dans le même cas et nous échangions pas mal avec la maman du petit A. en question. Je ne suis pas du genre à me cacher ou à me taire, je pose des questions, je me renseigne mais j’étais devant une inconnue : pourquoi mon fils ne veut-il pas mâcher, pourquoi ne veut-il rien goûter, pourquoi a-t-il autant de haut de cœurs ? Je ne comprenais pas, il n’y avait aucune logique. Les repas se transformaient en carnage, mon ainée commençait elle aussi à devenir sélective sur la nourriture alors j’ai du arrêté de me focaliser sur ce point pour le bien-être de tous.

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Nicho ne mangeait que des purées, du haché et des desserts de la même marque. Aucun fruit, aucun gâteau, pas de pain, ni de fromage, ni de biscuit, ni de bonbon. Rien. Sauf son lait de croissance. Mais il avait faim.

Il est rentré en maternelle avec un PAI alimentaire, Plan d’accueil individualisé, comme pour des allergies. J’ai eu la chance de tomber sur un directeur à l’écoute et pour qui la différence est une richesse et non un poids, ce qui est rare en collectivité. A la cantine, le personnel a même était compatissant envers moi, je n’étais plus tout à fait seule.

Son langage en pâtissait, ne mâchant pas, il n’articulait pas bien, des séances d’orthophonie l’ont beaucoup aidé, il a ainsi appris à souffler (ça paraît fou mais il ne savait pas souffler), à appréhender toute sa sphère ORL et il y a eu quelques amélioration côté nourriture : il pouvait mâcher. A l’aide d’un pédopsychiatre, Nicho s’est ouvert au monde extérieur, il est devenu plus sociable et a accepté quelques nouveauté dans son alimentation : comme des saucisses et de nouveau yaourt. Je me suis aperçue aussi qu’il était très sensible aux odeurs : il ne supporte pas celle du chocolat, et aux couleurs : le vert, l’orange et le rose sont importantes pour lui.

Mais aujourd’hui il stagne, pas d’amélioration significative et puis sans chercher je suis tombée sur ce blog recommandé par une amie….

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1 réflexion sur “Témoignage de Sophie-Charlotte, maman de Nicho, néophobe de 5 ans”

  1. Bonjour,
    Cela fait 10 ans que les repas avec ma fille de 11 ans et demi stressent toute la famille !! Je suis une maman désemparée, triste et seule, face à ses refus constants…Je viens de mettre un mot sur son problème de nourriture, et j’ai l’impression de ne plus vivre en apnée! Epuisée par des année de disputes à table, avec ma fille, mais aussi avec l’entourage familial, je comprend enfin que ma fille n’est ni folle ni capricieuse, ni je ne sais quoi encore, mais que d’autres personnes partagent son problème !! Nous ne sommes plus seules au monde !!! Merci aussi à Marie, qui est le portrait « alimentaire » de ma fille !! Les médecins ne savent que vous orienter vers des psy, aucune solution pour ma poupette ! Je vais enfin mieux faire face et pouvoir inter-agir avec elle sans culpabilité ! Quel poids la lecture de votre article vient de m’ôter !!! MERCI
    Joëlle, maman de Leeloo.

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