Je suis passée dans e=m6

Fin juin, je suis passée à la télé.

Il y a plus d’un an, je vous parlais du fait que j’avais été contactée par plusieurs journalistes, pour parler de la néophobie à la télé. Si j’ai ouvert ce blog, c’était dans le but de faire connaître la néophobie au plus grand nombre. Une diffusion à la télé va évidemment dans ce sens. En revanche, les émissions qui m’avaient contactée précédemment ne semblaient pas très sérieuses, voulaient faire du show, s’intéressaient plus à l’aspect social qu’au côté médical… Ca ne m’intéressait pas de donner cette image là de la néophobie, et surtout je ne voulais pas que mes propos soient déformés et que ces émissions véhiculent une mauvaise image de la néophobie. Ce que d’ailleurs l’émission Toute une histoire avait fait avec le témoignage de Katia, en lui disant que si son fils ne mangeait pas, c’était sa faute, parce qu’elle était une maman kangourou trop protectrice…

Ce qui m’a plu quand Safar m’a contactée, c’est que dès le début elle m’a dit qu’elle voulait montrer que la néophobie n’était pas un caprice. C’est ce message là que je veux transmettre.

Bien entendu, 9 minutes c’est très court, on ne peut pas tout dire, beaucoup de choses ont été coupées au montage (et encore, d’autres témoignages ont été coupés pour donner plus de temps au mien, ça devait être encore plus court à la base). Je suis consciente que me voir mettre la pomme sur ma langue lors d’une première séance d’ortho peut sembler impensable à tout néophobe, et que donc il en conclut forcément que c’est de la connerie et que tout a été mis en scène.

Ça a n’a pas été le cas. Rien n’a été mis en scène, à part mon arrivée dans le cabinet de l’ortho, et la prise de commande à la pizzeria. Le reste n’a été que discussion avec l’ortho, et réponses aux questions de la journaliste. Rien n’a été exagéré, rien n’a été surjoué. Ça aurait été sûrement plus réaliste si j’avais eu un haut-le-cœur au contact de la pomme avec mes lèvres, si j’avais été incapable d’aller jusqu’à la toucher avec ma langue. Certainement. Seulement voilà, j’ai déjà fait pas mal de chemin ces dernières années, j’ai été traitée pour mon réflexe nauséeux, j’ai appris à traiter mon anxiété, j’ai ajouté de nombreux aliments à mon régime alimentaire qui est de moins en moins restrictif même si je me mange pas encore de tout (loin de là !). Mais tout ça, en 9 minutes, on ne peut pas le dire…

Je touchais bien une pomme crue du bout de la langue pour la première fois de ma vie. Non, c’était la deuxième en fait, j’avais dû lécher une pomme crue en CM2 à l’école lors d’une semaine du goût, j’en avais vomi, je n’ai jamais renouvelé l’expérience depuis. Je touchais donc une pomme crue pour la première fois en 17 ans.

Depuis quelques années, je mange des compotes, mais toujours pomme + un autre fruit, parce que je n’aime pas le goût de la pomme seule. Et depuis quelques semaines, je travaille à incorporer la pomme cuite dans mon alimentation. Je commence à réussir à bien manger la tarte au pomme et la tarte tatin, depuis la semaine dernière seulement. La pomme crue, quant à elle, est encore à des années lumières de pouvoir entrer dans ma bouche. La toucher du bout de la langue ne signifie pas pouvoir la manger, très loin de là… Si vous êtes néophobes ou proche d’un néophobe, vous savez de quoi je parle.

Alors s’il vous plaît, soyez compréhensif, retenez qu’en 9 minutes on ne peut pas tout dire, et baladez-vous sur ce blog pour avoir l’histoire dans son ensemble.

Et un énorme merci à Safar, la journaliste qui a réalisé le reportage, ainsi qu’au cameraman. Tous deux ont été vraiment adorables et le résultat est à la hauteur de ce qu’on aurait pu espérer pour un premier reportage sur le sujet.

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7 réflexions sur “Je suis passée dans e=m6”

  1. Merci à toi Marie et à cette émission qui a souhaiter faire connaître la néophobie. Enfin on ne nous prend pas pour des capricieux.
    Certes 9 minutes est assez court pour en parler. Mais ce fût bien expliqué dans la globalité.
    Si cette émission n’a aider, ne serais ce, qu’une personne, alors c’est gagné.
    Sacha te remercie d’avoir témoigner et moi aussi.

  2. Merci pour cette émission car ça nous a permis de mettre un nom sur le trouble de notre fille qui depuis l’âge de 21 mois à une alimentation extrêmement sélective. C’est bien de voir que ce n’est pas un caprice d’enfant gâté comme nous l’entendons trop souvent !
    J’ai pas encore fait le tour des articles, mais le peu que j’ai lu m’a beaucoup apporter.
    Merci de m’avoir aider indirectement c’est bien de voir que nous sommes pas seul !
    à bientôt

  3. Je viens de découvrir votre blog, enfin une ressource sur ce sujet qui est très difficile à expliquer.
    En revanche le reportage ne parle que d’un cas, le vôtre, qui n’est pas forcément représentatif.

    Personnellement ma néophobie n’est liée à aucun type d’aliment précis, je peux manger mou comme je peux manger dur. Mais par contre quand il s’agit de goûter, je coince :/

    1. Comme toutes ces émissions du genre, ils s’appuient sur le témoignage d’une seule personne. En l’occurence c’était moi, et je ne pouvais parler que de ma propre expérience, je ne suis absolument pas qualifiée pour parler plus généralement de cette pathologie.

      Difficile de trouver des adultes néophobes aujourd’hui, c’est si peu connu que la plupart ne savent même pas de quoi ils souffrent.

  4. Bonjour LeeLoo, j’ai trouvé ton blog par hasard en voyant quelque sur le SED…
    J’ai quelques soucis au niveau de l’alimentation (pas de légumes, pas de produits de la mer principalement) depuis toujours et malgré quelques efforts difficile de goûter de « nouvelles » choses. Enfin, déjà à la cantine c’était difficile pour moi : les odeurs qui me rendaient parfois nauséeuses, les rejets quand on me forçait à manger… Je pense que cela a été accentué par les réactions familiales, des ami(e)s, de l’école (suspicion d’anorexie).
    Bref, à maintenant 25 ans je découvre que je ne suis pas toute seule ! (mon frère a un peu le même souci, mais il arrive a manger des aliments qu’il n’aime pas)
    Je pensais peut être consulter un(e) nutritionniste un jour -mais avec la quasi certitude que je ne pourrais pas respecter ses instructions- , ou bien un(e) psy -sans penser que cela pourrait m’aider réellement.
    Enfin, malheureusement la vidéo n’est plus disponible ! Je vais continuer à poursuivre ton blog.

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