Manger « social »

Dans l’échelle de la progression des néophobes, j’ai identifié comme septième étape d’incorporer des aliments « sociaux » à l’alimentation du néophobe. Petite anecdote personnelle pour vous faire comprendre ce que j’entends par aliments sociaux, et pourquoi pour moi, c’est une étape importante de l’évolution du néophobe.

Il y a quelques temps, je discutais avec un collègue de bureau, et j’ai réalisé qu’il n’était pas au courant de mon problème avec la bouffe.

Ça fait plus de 10 mois que je bosse dans cette entreprise, c’est un collègue avec qui je bosse tous les jours, et il nous est régulièrement arrivé de manger ensemble au restaurant, pour les anniversaires ou les repas d’équipe. Nous avons mangé plus d’une quinzaine de fois ensemble, et il ne s’est rendu compte de rien.

Ce n’est pas qu’il ne s’intéresse pas, c’est simplement que maintenant, je mange « social » : j’arrive à manger des repas — presque — comme tout le monde, ce qui fait que les questions ne sont plus forcément systématiques.

Il y a trois restaurants où on va souvent : une crêperie où je mange une galette œuf fromage, un restaurant de burger où je mange un chicken burger nature, et un italien où je mange une pizza margherita. Des choses simples — ou simplifiées — mais des repas normaux, qui se trouvent sur la carte, qui ne choquent pas les gens avec qui je mange quand je les commande. Je passe tout au plus pour une nana un peu chiante, un peu compliquée, mais cela ne soulève pas les questions qui se posent inévitablement quand je commande une assiette de frites.

Je mange social, et je n’ai plus besoin d’expliquer systématiquement mon problème d’alimentation. Et ça pour moi, c’est un grand pas.

Manger social, ça peut aussi être manger des frites et nuggets pour pouvoir prendre un happy meal au McDo, manger du gâteau au chocolat pour les anniversaires des copains, manger des frites, des pâtes ou du riz pour être sûr de trouver quelque chose à manger dans la grande majorité des restaurants… C’est aussi manger de la raclette pour participer aux repas festifs d’hiver, ou manger du fish & chips pour pouvoir se nourrir dans les pubs anglais… Bref, vous avez compris l’idée !
Aucune considération de santé ou d’aliment « bien » ou « pas bien », simplement essayer d’introduire les aliments qui vous permettront ou permettront à votre enfant de manger plus facilement dans sa vie sociale quotidienne.

J’ai discuté avec plusieurs personnes, adultes néophobes, pour qui la néophobie avait engendré une phobie sociale. La peur de montrer cette faiblesse à leur entourage (copains, collègues…) les a poussés à éviter toute situation de partage de repas, et Dieu sait que les repas sont une composante très importante de la vie sociale, particulièrement en France. C’est pourquoi je pense que les étapes 2 et 7 de la pyramide de progression sont réellement essentielles — apprendre à se blinder face aux remarques, et trouver des aliments sociaux.

On peut vivre normalement avec la néophobie, et des dizaines — des centaines — de témoignages sur le groupe Facebook pourront vous le prouver : on peut grandir en bonne santé, on peut avoir des amis, des amoureux(ses), et même avoir des enfants. Mais pour faire tout ça, il faut faire la paix avec sa néophobie et apprendre à vivre avec.

Laisser un commentaire

6 réflexions sur “Manger « social »”

    1. Ah non je n’en suis pas encore là aux mariages je mange du pain ou alors je suis à la table des enfants à manger des chips…

      Le truc c’est de se gaver au vin d’honneur de tout ce que tu pourras manger pour ne plus trop avoir faim le soir..

  1. Perso je viens de découvrir ton blog et je m’identifie tellement à toi ! Peu de personnes me comprennent et j’ai l’impression que je suis différente mais dans le mauvais sens et que je n’ai pas ma place ici ! Tu me redonnes courage !!

  2. Merci pour ce blog. quand je pense que ça fait 50 ans que je suis néophobe, que j’ai vu des psys, que j’en ai parlé à des tas de médecins et que PERSONNE n’a jamais évoqué cette appellation, ni-même ne m’a dit que je n’étais pas un « cas » si rare! J’ai partagé le lien de votre blog sur ma page facebook ouvert seulement à mes vrais amis, ceux qui me connaissent mais ne comprennent pas forcément ma « maladie », pour qu’ils aient l’explication.
    Car même si personnellement je ne me sens pas « malade », le regard et les jugements des autres me font peur et me pourrissent la vie, et puis je suis inquiète car je sais que je ne me nourris pas bien, alors bien que je sois à priori en excellente santé, j’ai tout de même peur de tomber un jour malade et de mourir trop jeune alors que j’adore la vie.
    Pensez-vous que cette néophobie puisse être responsable de mon hypocondrie?
    Si je suis tombée sur votre blog, c’est parce que mon adorable belle-maman me disait de voir si je ne pouvais pas voir un hypnothérapeute, et en faisant des recherches dans ce sens sur google, je suis arrivée ici.
    Depuis je n’ai même pas continué à chercher, je me balade chez vous, je lis, je m’informe et je réalise que je ne suis pas un cas à part et que le fait d pouvoir donner un nom à ce trouble va aussi aider les autres à me comprendre.
    Alors pour tout ça MILLE MERCIS….

  3. merci mon fils est néophobe je pense et je ne trouvai rien à ce sujet à par l’anorexie
    ça fait du bien de ne pas être seul

Retour en haut