Expliquer son trouble à son entourage

Je vous dis souvent qu’il est important d’oser en parler, de ne pas chercher à le cacher ou à éviter les situations de repas en public, oui, mais comment on l’explique justement ?

Face à l’incompréhension et l’incrédulité des gens, il n’est pas toujours facile de ne pas laisser tomber pour éviter la confrontation.
Il est pourtant primordial je trouve de pouvoir crever l’abcès au plus tôt, pour pouvoir passer à autre chose et que chacun puisse faire sa vie (et surtout le.la néophobe)
Voici donc quelques pistes pour réussir à expliquer ce que sont la néophobie et la dysoralité à son entourage, que les personnes soient proches ou moins proches.

Pour ce qui est de la phobie, ce qui m’a beaucoup aidée c’est justement de parler de phobie. De parler de quelque chose que les gens connaissent. Si un arachnophobe est face à une araignée, aussi petite et inoffensive soit-elle, il.elle se retrouve paralysé.e, il.elle a beau savoir que ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse, a beau savoir qu’elle.il ne risque rien, impossible de faire un mouvement, de s’approcher de la bestiole et encore moins de la toucher et/ou la tuer. Impossible de se raisonner, impossible d’être rassuré.e, c’est comme ça et c’est plus fort que tout.

Pour la néophobie alimentaire c’est pareil, c’est une phobie, une peur irrationnelle et plus forte que toute réflexion consciente, j’ai beau le vouloir, j’ai beau savoir que je ne risque rien, je ne peux pas et impossible pour moi de faire mieux. Je suis paralysée, je ne peux effectuer un mouvement vers l’aliment inconnu, le toucher est au-dessus de mes forces et le manger encore pire.

Pouvoir rapporter ça à quelque chose que les gens connaissent – de près ou de loin, tout le monde connait forcément quelqu’un qui a une phobie des araignées, des serpents, ou même un vertige incontrôlable qui laisse la personne paralysée dès qu’elle prend de la hauteur – aide vraiment les gens à comprendre et à compatir avec ce que l’on traverse.

Rappeler aussi que le vertige, les araignées ou les serpents sont des choses que l’on croise quand même relativement rarement (du moins chez nous en tout cas, je ne tiendrai probablement pas le même discours à quelqu’un qui vit dans un pays où il croise des araignées géantes tous les 4 matins !) alors que nous, on doit faire face à la nourriture au moins 3 fois par jour tous les jours de notre vie quasiment sans exception.

Dans le cadre de la dysoralité, c’est plus simple je trouve, puisque c’est un trouble aujourd’hui reconnu par une partie du secteur médical
(une petite partie, certes, mais c’est toujours mieux que rien) , qui peut le diagnostiquer et le traiter. C’est probablement très bête, mais le diagnostic d’une personne du secteur médical donne une certaine légitimité à nos difficultés face à l’alimentation.

Il y a aussi des manifestations physiques, comme le réflexe hyper-nauséeux par exemple, qui viennent appuyer que ce n’est pas juste un caprice mais qu’il y a bien au-delà du blocage psychologique des manifestations physiques de ce trouble.

Enfin, il ne faut pas hésiter à partager des articles, de ce blog, ou aussi ceux que j’ai relayés/traduits par ici, ainsi que les vidéos (mon passage dans e=m6 par exemple) ou extraits audio (le témoignage radio d’une orthophoniste à propos de la dysoralité)
Vous pouvez également partager des témoignages d’autres personnes atteintes ou aidant, qui peuvent aider votre entourage peu réceptif ou toujours sceptique à se rendre compte que ce n’est pas juste une invention ou affabulation de votre part. Il y en a quelques uns dans la section « Portraits de néophobes » sur ce blog, mais vous trouverez également pléthore de témoignages et échanges sur le groupe facebook.

Et n’oubliez pas que vous aurez toujours des gens qui ne vous croiront pas, qui resteront sceptiques malgré tout, ou qui sauront mieux que tout le monde et vous rétorqueront que s’ils étaient à votre place ils réussiraient à faire tellement mieux. Il y a des c**s partout et il faut bien composer avec…

Mais vous vous rendrez compte aussi que certains personnes que vous n’attendiez pas forcément seront bien plus compréhensives que vous ne le pensiez, et pourront vous surprendre par leur empathie et leurs conseils avisés. Vous réaliserez sûrement aussi que ce trouble est moins rare que l’on pourrait le penser (hey non, nous ne sommes pas seuls au monde !) et que beaucoup de gens connaissent quelqu’un qui ne mange pas « comme tout le monde » et qui pourrait bien être atteint de la même chose.

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