Enfant néophobe à la cantine : mettre en place un PAI

Sophie Charlotte est de retour sur le blog pour nous parler du PAI. Certains ont la chance d’en bénéficier mais d’autres ne savent même pas ce que c’est, ou ne savent pas qu’ils peuvent y avoir droit pour leur enfant.

Ce genre de service n’existait pas à l’époque où j’étais à l’école (ou en tout cas je n’en ai jamais rien su et mes parents non plus… j’avais juste droit à deux yaourts natures mis de côté par les dames de services pour être sûre de ne pas passer toute la journée le ventre vide), du coup je serai bien incapable de vous en parler et de vous conseiller là-dessus.

Sophie-Charlotte, maman du petit Nicho qui a bientôt 6 ans et qui est néophobe, a mis en place un PAI pour celui-ci et nous explique tout ça !

S’il y a bien une chose qui m’a aidée dans mon rôle de maman d’un petit souffrant de troubles de l’oralité et de l’alimentation, c’est la mise en place d’un PAI : Projet d’Accueil Individualisé. Pour celles et ceux qui n’en ont jamais entendu parler, voici la définition donnée sur le site du Service Public :

« Un projet d’accueil individualisé (PAI) est mis en place pour l’enfant ou l’adolescent atteint de maladie chronique (asthme par exemple), d’allergie et d’intolérance alimentaire. Il doit lui permettre de suivre une scolarité normale ou d’être accueilli en collectivité. L’enfant pourra ainsi bénéficier de son régime alimentaire ou de son traitement, assurer sa sécurité et compenser les inconvénients liés à son état de santé. »

Si une maman de la crèche, il y a 3 ans, ne m’avait pas dit qu’il était possible de mettre en place un PAI pour mon enfant du fait de ses difficultés pour s’alimenter, je n’aurais jamais pensé à y avoir recours. Je ne sais d’ailleurs pas comment j’aurais fait, ou plutôt comme mon fils aurait fait à son entrée à l’école…. Grâce au PAI, mon fils a pu faire sa rentrée sans aucune appréhension pour les jours de cantine (en dehors du fait qu’il préfère quand même manger à la maison). Je lui dépose sa nourriture dans des récipients hermétiques à son nom, à la cantine, les jours où je ne peux pas aller le chercher le midi. J’ai pris le temps d’expliquer au personnel de la cantine de quoi il « souffrait » et à ma grande surprise ils ont compris et compati !

Le PAI permet donc à mon fils de manger la nourriture qu’il sait manger sans qu’on le force à essayer des aliments qui de toute façon lui font trop peur ! Cela évite aussi de recevoir des réflexions désobligeantes qui ne feront qu’empirer les choses, du type « En fait, tu es un bébé… ».

La première année je n’ai eu besoin d’aucune justification médicale : j’ai exposé les faits au directeur de la maternelle et il a organisé le rendez-vous avec le médecin référent de l’école et le correspondant dans la mairie. Ce RDV permet de formaliser au sein d’un même document toutes les indications et contre-indications concernant l’enfant ainsi que les précautions à prendre en cas de situation de « crise ».

La seconde année, le médecin de l’école ayant changé, elle m’a demandé des justificatifs médicaux attestant du besoin d’un PAI pour mon fils. Comment expliquer une phobie médicalement ? me suis-je dit…. Outre le fait de prétexter une malformation qui aurait disparu avec la croissance, j’aurais été bien coincé (et mon fils aussi surtout) s’il n’avait pas été suivi par une orthophoniste et un pédopscychiatre. Ce dernier a pu me faire une lettre demandant la mise en place d’un PAI pour mon fils dans le but de préserver son équilibre alimentaire et mental (je ne saurais vous redonner sa tournure exacte). Normalement le PAI doit être renouvelé tous les ans et est aussi valable pour les activités périscolaires tels que le centre aéré.

Certaines personnes pourront penser que ce n’est qu’une autre façon de surprotéger son enfant et que c’est justement en l’exposant aux règles et aux obligations de la communauté qu’il arrivera à passer outre ses peurs. Hors dans le cas d’une phobie, ancrée depuis des années sans aucune pleine conscience de l’enfant, cela n’y changera rien. La preuve est qu’après deux ans passés en crèche à manger autour d’une table avec d’autres enfants, mon fils n’avait fait aucun progrès…

Une chose est certaine : les institutions publiques n’aiment pas la prise de risque. Dans des cas d’asthme ou d’allergies bien connues, le PAI est pour eux une évidence. Mais dans le cas de phobies sévères pouvant avoir de sérieuses conséquences vitales (ingestion forcée d’un nouvel aliment) comme les fausses-routes ou l’étouffement. En exposant le risque important que représente une alimentation aléatoire pour votre enfant et en parlant de « dysoralité » (un mot qui fait savant et auquel les orthophonistes sont aujourd’hui sensibles), l’école ne devrait pas poser de problèmes pour la mise en place d’un PAI.

Je sais que cette solution n’est que temporaire, il sera difficile pour lui, d’un point de vue social, arrivé au collège (si la situation ne s’est pas débloquée d’ici là !) de justifier d’un tel comportement. J’ai lu par ailleurs que c’est justement cette pression sociale qui peut déclencher chez l’adolescent l’envie d’essayer de nouveaux aliments pour être « comme les autres ».

En attendant, je ne peux que recommander aux parents dans le même cas de mettre en place un PAI pour le bien-être de l’enfant (sa santé et son moral) car un enfant qui a faim toute la journée ne pourra grandir et apprendre sereinement.

PS : de même quand nous allons au restaurant, nous lui ramenons toujours son repas en expliquant au serveur que notre enfant souffre d’allergies et cela n’a jamais posé de problème ! Un petit mensonge peut parfois vous simplifier la vie, pensez-y 🙂

Encore un grand merci à Sophie-Charlotte !

Si vous avez des questions sur le PAI, je serai bien incapable d’y répondre dans les commentaires car comme je vous l’ai dit je ne maîtrise pas du tout le sujet. Je vous invite donc vivement à rejoindre notre groupe facebook sur lequel se trouvent plusieurs parents qui ont mis cela en place pour leur enfant, et qui sauront vous renseigner bien mieux que moi !

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15 réflexions sur “Enfant néophobe à la cantine : mettre en place un PAI”

  1. Bonjour
    Je me permets d’apporter moi aussi une info sur ce système (le PAI) puisque ma fille cadette est concernée. J’en ai fait la demande auprès de son collège (elle a 12 ans mais aucune amélioration dans ses troubles alimentaires !) et ça ne pose aucun problème au chef d’établissement.
    Mais pour des raisons de traçabilité des aliments et de risques médicaux (intoxication alimentaire, etc.), le Conseil général (qui gère les collèges, alors que les cantines des écoles publiques sont à la charge des mairies) demande à ce que les repas apportés de l’extérieur dans le cas de PAI soient pris à l’écart des autres élèves, donc en dehors de la cantine !
    Concrètement, ma fille peut amener son repas et le manger mais à l’infirmerie ou dans le bureau de la « vie scolaire », pendant que ses amis mangent à la cantine.
    On trouve ça stigmatisant et dommage sur le plan des relations sociales donc on a refusé et pas de PAI pour elle !
    Elle continue donc d’aller à la cantine (je ne dis pas « manger » mais « aller »)… Pas de solution pour elle actuellement.

  2. Bonjour,
    je comprends ce que vous pouvez ressentir concernant le cas de votre fille cadette. J’ai été moi-même confrontée à ce problème lorsque j’étais collégienne. Les PAI n’existaient pas encore ( il y a une quinzaine d’années) cependant le chef d’établissement avait accepté que j’amène mon pique nique » pour pouvoir manger au collège ( car je ne pouvais pas rentrer chez moi sur le temps de midi). Mais à l’époque il a refusé que je mange mon pique- nique car il craignait que les autres élèves ne fassent la demande d’apporter leur propre nourriture, comme moi.

    Je me suis donc trouvée pendant 4 ans à déjeuner chaque midi dans le bâtiment administratif du collège, interdit normalement aux élèves et hanté uniquement par les profs.
    Je suis de nature assez solitaire, alors même si c’était un peu pénible (en 4e-3e notamment où les copains sont drôlement importants), cela ne m’a pas gênée plus que cela.

    Ce dont j’ai beaucoup souffert cependant, c’est le regard des autres. Je me rangeais avec eux pour aller à la cantine, puis je quittais le rang avec mon sac repas, en cours de route, pour rejoindre le bâtiment administratif. Et les enfants ne sont pas tendre entre eux. J’ai été affublée par certains de mes camarades, du sobriquet de « Chocolate » (j’avais expliqué que cet aliment prenait une place particulière dans mon régime alimentaire). J’en ai souffert, mais j’ai aussi appris à me défendre et à laisser couler avec une totale indifférence. Finalement, même si cela a parfois été n peu difficile: j’ai toujours eu des copines qui ont compris, et ca a forgé mon caractère.
    Et au lycée, j’ai eu le droit d’apporter mon pique-nique et de manger à la cantine, avec mes copines !

    1. Merci Esparablandis pour cette réponse/témoignage (que je comprends très bien !). Ma fille va rentrer en 4ème et on continue comme avant : pas de PAI pour ne pas la couper des copines (pas de repas à la maison pour la même raison) donc elle ne mange quasiment rien à la cantine. Mais je lui donne toujours 2 en-cas (pause du matin + temps du midi) et je m’assure qu’elle prend un bon goûter (je l’aide à l’équilibrer au maximum). On verra au lycée…

  3. Ping : Rentrée 2016 : check ! | Ma Petite Valisette - Le Blog

  4. Ma fille a fait sa première année en maternelle l année dernière. Avant son entrée j avais rencontre la directrice pour aborder ce point tout était OK mais chaque soir nous avions les remarques de l atsem ou plutôt devrais je dire les jugements et tout fêla devant notre fille. Comme  » c est dans sa tête »  » les autres enfants ne comprennent pas … » bref nous avons envisage une nounou mais avec les nouveaux rythmes scolaires l heure de reprises est trop tardive donc nous avons assumé et papa a arrêté de travailler. Pour cette année nous avons déménage vers une grande ville et nous avons été accueilli les bras ouverts par toutes les équipes école centre périscolaire mairie nutritionniste … Je retiens cette phrase « il est temps que nous vous soulagions » j ai presque pleuré tant le mot « soulagement »était approprié et le jour de la rentrée l atsem de sa classe m a propose de la prendre a sa table que du bonheur. Aujourd’hui elle mange parfois peu mais elle est assise avec les autres a la même table et pour elle c était important de ne pas se sentir écartée je souhaite donc préciser que si vous avez un dossier médical pedopsy pédiatre … Aucune école ne peut donc s opposer mais les ouvertures d esprits sont parfois un obstacle

    1. Malheureusement oui beaucoup sont obtus et la nourriture en france a une place importante et bien précise, et si on en mange pas « comme tout le monde » oh la la c’est la cata ! Vous avez raison c’est important pour elle de garder un lien social avant tout, c’est vraiment essentiel ! Bon courage à votre famille

  5. Bonjour
    Pour ma fille pas de PAI possible . ils estiment qu’il doit y avoir un risque averé du point de vue de la santé pour ne pas manger certains aliments donc uniquement les allergies. La phobie alimentaire etant considéré comme un probleme psychologique cela m’a eté refusé

    1. C’est fou ! Dans ma ville (en Bretagne) cela était possible. Je pense que ça dépend du bon vouloir de la personne qui doit traiter votre dossier. Il y a aussi des textes officiaux sur les PAI (cf sur internet). Je n’avais jamais entendu dire que cela concernait uniquement les allergies ! Dans l’ancien collège de ma fille, il y avait un enfant qui apportait sa nourriture (avec un PAI) car il avait un handicap moteur et une autre qui avait une tendance à l’anorexie…

  6. Bérangère Fialon

    Bonjour,
    Je suis animatrice périscolaire. A la rentrée je vais m occuper d une enfant de 6 ans qui souffre de ce trouble. Elle va manger 1 semaine sur 2. Je ne voudrais surtout pas la brusquer. Elle a Je complément alimentaire à lui faire boire ou manger. Que dois je mettre en place et surtout gagner sa confiance. Merci de votre réponse.

    1. Bonjour Bérangère,
      Déjà bravo à vous de vous impliquer autant pour vos petits élèves. Je ne peux pas vous répondre car malheureusement il n’y a pas de méthode miracle à tous les coups, je pense que le mieux à faire est de vous rapprocher des parents, de voir avec eux comment ils agissent, ce qu’ils ont mis en place et que vous pouvez continuer, et vous aligner avec eux sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire.
      Bon courage pour la suite et bonne rentrée avec cette petite !
      Marie

  7. Bonjour, Mon fils souffre de trouble alimentaire, Il a déjà 7 ans… oui, nous n’avons eu un diagnostique que l’an dernier… car oui, il mange des aliments (qui se compte sur les doigts de la mains et qui « nourrissent ») mais il grossissait et grandissait dans les normes… bref… vous connaissez déjà. Aujourd’hui je dois mettre en place le fameux PAI ne serait-ce que pour séparer les aliments dans son assiettes et éviter de mettre les sauces. Je souhaite qu’il soit confronter au menu de la cantine comme cela a toujours été le cas pour lui. Mais il revient affamé à 16h30. Aussi cette astuce (séparation sans sauce si possible) sans lui faire du bien. Avez-vous d’autre idée ou conseil applicable aux repas de la cantine svp ? Je dois donner les idées à mon orthophoniste pour qu’elle écrive noir sur blancs (car oui, d’un seul coupr cela pose problème à qq un de la cantine… bref)… faisons un PAI. Mais quoi marqué dedans ? Merci d’avance pour vos conseils.

    1. Bonjour Elodie,
      En général les mamans mettant en place des PAI c’est pour pouvoir apporter son propre repas à l’école et le réchauffer sur place, je n’ai jamais vu de cas comme vous proposez. Mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas possible, ni que ça n’existe pas déjà pour d’autres parents. N’hésitez pas à nous rejoindre sur le groupe facebook où il y a de nombreuses mamans vous trouverez sûrement des témoignages qui pourront vous aider https://www.facebook.com/groups/neophobiealimentaire
      Bon courage pour vos démarches
      Marie

  8. Mes jumelles de 4 ans ont passé une année de PS sans manger le midi, j’ai été alertée par une responsable de cantine aux vacances de printemps seulemnt sur le fait qu’elle s’inquiétais car des fois elles partent sans rien dans l’estomac (même le pain ne passe pas pour une de mes filles) du coup elle m’a autorisé à mettre 2 compotes et 2 yaourts nestlé (pas de maintien au froid) à dispo dans un sac.
    Je lui ai dit que j’avais demandé à pouvoir le faire en début d’année et que la réponse avait été NON, elle m’a dit que c’est elle qui géré et que ça serait ok et au final les aliments sont restés en l’état dans le sac et une de mes filles m’a dit « une des dame ne veut pas me donner, et la chef est jamais du côté des petits pour que je lui dise »…
    Même chose au centre de loisirs, ils m’ont répondu « si on commence à donner n’importe quoi aux enfants hors repas qd même… » ok bine compote sans sucre ajouté et yaourt nature sans sucre ajouté cherchez l’erreur, de la bêtise au fond !!

    Bref on a enfin eu un bilan orthophonique et toutes les deux ont un trouble de l’oralité avec : un frein de langue court, du RGO et néophobie pour certain aliments.
    On commence les séances demain et on espère qu’un PAI pourra être mis en place car elles ont besoin d’avoir le ventre plein pour apprendre correctement !!

    1. Merci pour votre témoignage, tout l’intérêt de la mise en place du PAI c’est que justement ça ne pourra plus être contesté, c’est une autorisation « officielle » en quelques sortes ! ça ne dépend plus du bon vouloir d’une personne ou d’une autre… J’espère que la prise en soin pourra vous aider à avancer et que le PAI solutionnera les soucis de bon vouloir des personnels de cantine !
      Bon courage pour la suite

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