Ma première part de pizza

Rentrer chez moi à pied, par un chemin que je ne prends pas habituellement. Passer devant Pizza Hut. Sentir l’odeur de la pizza. Regarder la carte. Pizza Margherita. Juste de la tomate et du fromage.

Un ami m’avait dit il y a longtemps, si tu dois goûter de la pizza un jour, commence par la margherita. Et effectivement, c’était un bon conseil. Si quelqu’un avait pu m’accompagner dans ce long voyage que je viens d’entamer, ça aurait sûrement été lui. Il aurait bien voulu d’ailleurs, mais à l’époque je n’étais pas encore prête. Enfin surtout, je n’avais les anti-dépresseurs. Parce qu’il faut bien l’admettre, deux jours avant qu’on ne me parle de ce traitement, je n’étais pas franchement plus prête qu’il y a six ans. Beaucoup de mecs qui ont croisé ma vie m’ont dit que eux, ils arriveraient à me faire manger, plein d’assurance, mais sans réelle envie de m’y aider. Un jour, ce même ami m’avait dit que celui qui réussirait à me faire manger, ce serait le bon et que je pourrais l’épouser. Je ne sais pas trop si je dois me marier avec mon médecin, ou avec l’anti-dépresseur, mais bon toujours est-il que je crois que ça y est, je commence à manger !

Rentrer dans Pizza Hut sur un coup de tête, sans prendre le temps de me poser des questions. Commander une pizza, en avoir une offerte en plus. 10 minutes d’attente. Téléphoner pour penser à autre chose et ne pas prendre le risque de me raviser. De toutes façons c’est déjà payé. Ne pas en parler au téléphone, pour ne pas rajouter de pression supplémentaire. 20 minutes de marche, les boîtes de pizza à la main, l’odeur qui me chatouille les narines et me crie d’ouvrir la boîte et d’attaquer avant même d’être arrivée à la maison. Mais non, je ne veux pas aller trop vite cette fois. Prendre le temps, faire durer l’envie, savourer l’envie d’avoir envie de goûter, sans stress ni angoisse d’aucune sorte. Sans aucun apriori négatif de ma première tentative de pizza, où je n’avais mangé que deux ou trois petits morceaux. Arriver à la maison et m’installer, commencer tant que je suis seule, manger normalement. Croquer à pleines dents une vraie bouchée, pas attraper un tout petit morceau du bout de la fourchette pour dire que j’en mangé. Ne pas me sentir obligée, juste en avoir envie. Terminer une part. Avoir envie d’une deuxième. La manger aussi.

Me sentir heureuse, fière de moi, victorieuse, forte.

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